En date du 18 au 19 janvier 2023, s’est tenu à Bujumbura, un atelier de concertation autour de la création d’une infrastructure culturelle à Bujumbura. Cette rencontre organisée par Africalia dans le cadre du projet européen d’appui au secteur de la culture au Burundi (PASACC-Burundi), a réuni des professionnels du secteur de la culture, des représentants d’institutions publiques nationales concernées par la problématique des infrastructures culturelles, notamment le Ministère ayant la culture dans ses attributions, le ministère du commerce en charge du secteur du tourisme, la Mairie de Bujumbura ainsi que des partenaires techniques et financiers.
Elle a également connu la participation d’experts et des opérateurs culturels venus du Burkina Faso, du Mali, du Maroc et du Rwanda, invités pour partager leurs expériences avec leurs pairs burundais et nourrir ainsi les réflexions sur les questionnements qui se posent aujourd’hui dans cette quête de type ou de modèle d’infrastructures adaptées à une ville comme Bujumbura.
Dans son mot d’accueil, le conseiller socioculturel, M. Kinshasa Christophe, représentant le Maire de la ville de Bujumbura a souhaité la bienvenue aux participants et a salué avec enthousiasme, cette initiative dont l’aboutissement va contribuer à la vitalité culturelle de la ville.
A sa suite, la Directrice Générale d’Africalia a remercié, au nom du Consortium PASACC-BU, les autorités burundaises à travers le Ministère en charge de la Culture, la Mairie de Bujumbura, la Délégation de l’Union européenne, ainsi que tous les invités présents à cette rencontre surtout les experts et amis du continent, venus partager leurs riches expériences.
Dans son allocution, Anne Cofoed, qui areprésenté la Délégation de UE dans ces assises, a souligné l’importance de cet atelier de réflexion auquel un contenu des activités du futur espace sera défini.
Quant au délégué du Ministre en charge de la culture a, à son tour, salué la dynamique en cours, ayant pour objectif, la création d’une infrastructure pour le secteur culturel à Bujumbura. Il a réitéré ses remerciements aux partenaires techniques et financiers et a appelé les acteurs à des réflexions fructueuses dans une démarche participative, avant de déclarer l’atelier officiellement ouvert au nom du Ministre.
A travers des tables rondes, des travaux de groupes et une séance plénière, les échanges de ces deux jours d’atelier ont principalement portés sur quatre thèmes :
- La genèse de création d’un lieu artistique et culturel : vers la définition d’un positionnement
- Créer la programmation d’un lieu artistique et culturel : proposition d’activités d’un futur lieu à Bujumbura
- Gouvernance : quelle gestion administrative et financière d’un potentiel lieu culturel ?
- La question du design dans un lieu culturel : comment combiner les différents usages de l’espace
Au cours de ces tables rondes, les interactions avec les participants ont également permis de soulever des préoccupations et de recueillir des contributions notamment sur le processus et les modes de création des infrastructures, les modes de gestion, l’importance de la formulation d’une vision partagée par les parties prenantes.
Kira Claude Guingané, Directeur de l’Espace Culturel Gambini (Ouagadougou, Burkina Faso), a fait savoir que la force de l’envie dans la réussite d’un projet d’infrastructure culturelle (80%) est bien plus importante que les ressources financières (20%).
ʺpour construire une communauté, il faut commencer par ce que la communauté sait déjà et introduire les innovations de façon progressive. Par exemple au Burundi, il faut commencer par le tambour du Burundi.ʺ a souligné Marwane FACHANE, Directeur Général de la Fondation HIBA – (Rabat, Maroc). Pour Dida Nibagwire, Fondatrice de L’Espace (Kigali, Rwanda), les difficultés de départ ne doivent pas émousser l’engagement pour un projet aussi important que la mise en place d’une infrastructure culturelle, dans le contexte de nos pays.
En ce qui concerne la programmation des activités, Alain Amrah Horutanga, Gérant du centre culturel Izuba Center (Bujumbura, Burundi), a indiqué que différents groupes sollicitent des espaces pour leurs activités, permettant ainsi au centre d’avoir une programmation plus riche et régulière. Les activités comme les vacances artistiques qui contribuent au développent des talents chez les jeunes, sont également pris en compte dans la programmation du Centre.
Freddy Sabimbona, Directeur de l’Espace Buja sans Tabou (BST) et Fondateur d’un Festival de théâtre au Burundi a évoqué l’expérience de son espace en matière de formation, de création en partant de l’exemple des spectacles sur l’histoire des quatre quartiers de Bujumbura. Il s’est également appesanti sur la question de la programmation lors des éditions de son festival qui s’appuie sur un réseau de compagnies théâtrales affiliées. Concernant la nécessité de se mettre ensemble pour une seule programmation, les intervenants ont reconnu que cela était pertinent et faisable, et qu’il y avait déjà des exemples de synergies à renforcer.
Réfléchir à la constitution d’un lieu culturel c’est également se poser la question de son architecture et de son design. A travers cette dernière table ronde, des modèles de construction de lieux culturels ont été décortiqués afin d’inspirer le projet de Bujumbura.
M. Khalid Tamer, Directeur du Théâtre Lavoir Moderne Parisien, Fondateur d’Africapitales ; a précisé que l’importance du design, la création de marques devrait constituer un objectif pour les opérateurs culturels.
La mise en œuvre de la feuille de route, le renforcement de l’engagement de tous les opérateurs culturels burundais à partager la vision commune dégagée en vue de la création de l’infrastructure culturelle, l’affirmation de la disponibilité de opérateurs culturels à faciliter la réalisation d’une étude de faisabilité pour confirmer les formes de statuts existants au Burundi, les modèles de fonctionnement et les modes de financement proposés et l’organisation d’un atelier méthodologique en vue la formulation du projet de création de l’infrastructure culturelle à Bujumbura, telles sont les résolutions et les recommandations sur lesquelles cet atelier de deux jours a pris fin.
